Le 19 octobre 2024, un stage international d’Aïkibudo s’est tenu à Neuchâtel. Sur invitation de Loris Petris, directeur technique national de la Suisse, le maître et fondateur Alain Floquet, accompagné de son fils Frédéric et de sensei Daniel Dubreuil est venu de Paris. Parmi les personnes participantes, un groupe d’Aikitai Jutsu Ryu Abe s’est aussi joint à nous afin de découvrir l’Aïkibudo. Ce stage marquait également le retour tant attendu du maître en Suisse après une longue absence. Sa dernière visite remontant à 2019.

Le travail a débuté par un échauffement spartiate dirigé par Michel Serafin. La matinée a été l’occasion de clarifier certains aspects des mouvements fondamentaux en commençant par le hojo undo nigiri kaeshi. Nous avons d’abord travaillé en distance chikama, pour ensuite évoluer vers la distance ma, en ajoutant des techniques adaptées aux différents niveaux. L’après-midi a été principalement axé sur les kaeshi waza, démontrés par Johann Stauffer, et qu’aussi bien les yudansha que les kyus ont pu expérimenter. Le stage a culminé avec la remise du diplôme de 4ème dan FIAB à Johann, un moment de reconnaissance pour son travail et de son dévouement envers l’Aikibudo.

Au-delà des techniques apprises et des défis physiques relevés, la question suivante s’est posée à la fin du stage alors que nous sirotions une bière: pourquoi un groupe de personnes, après une journée entière de chutes répétées, se sent-il si bien ?

La réponse se trouve en partie dans le cadre exceptionnel du dojo. Niché face au lac, le dojo et sa décoration japonaise ajoutait une touche de sérénité préparant déjà les corps et les esprits à un entraînement intense mais épanouissant. Mais c’est surtout l’engagement des personnes présentes qui a contribué à cette sensation. Maître Floquet, malgré son grand âge, a fait le déplacement pour transmettre sa passion. Frédéric s’est fortement investi auprès des kyus, leur offrant conseils et encouragements. Sa bienveillance s’est même manifestée lors de la pause de midi, quand des kyus se sont regroupés pour déchiffrer une lettre du CERA expliquant le Hapoken kata. Il est alors spontanément intervenu pour les aider, transformant un moment d’incertitude en une occasion d’apprentissage collective. Nathalie Mauri, tout juste quelques semaines après avoir donné naissance à sa petite Ellyne était également présente. Gabriel Sérafin, du haut de ses huit ans était enthousiaste de pratiquer la même discipline que son papa. D’autres, malgré des blessures, ont également fait le choix de participer, témoignant de la profondeur de leur attachement à la discipline.


Enfin, pour tous, chaque chute fait partie d’un apprentissage à la fois physique et mental. Tomber et savoir se relever est une qualité essentielle dans la vie quotidienne autant que sur le tatami. Après chaque chute, c’est le corps qui s’assouplit, mais c’est aussi l’esprit qui s’allège. Ainsi, ce sentiment de bien-être, après des centaines de chutes, ne se résume pas uniquement à l’effort physique. Il est le fruit de la concentration, du dépassement de soi, du cadre apaisant, et surtout, du partage. C’est cette alchimie qui permet de rentrer chez soi le cœur léger, l’esprit calme, et le corps, malgré tout, revigoré (jusqu’à l’apparition des premières courbatures !). Le « partage » est d’ailleurs le mot de la fin qu’a choisi maître Floquet pour conclure la journée en référence à son livre « Budo en partage » En effet pour lui, l’enseignement de l’Aikibudo s’apparente davantage à un acte de partage qu’une transmission d’un art qui l’aurait reçu en héritage. Il est d’ailleurs reparti ravi, ayant constaté que pendant son absence, Loris Pétris a continué de partager cet art au sein de la Suisse, résultant en une pratique harmonisée et un groupe uni dans ce petit pays. Nous espérons tout de même qu’il ne faudra pas attendre à nouveau cinq ans pour revivre un stage comme celui-ci.

Merci à tous,

Cordialement,


Federica avec l’aide de l’IA et de Bianca